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consulte et poète, était protestant comme Rivaudeau ; il avait écrit un poème religieux intitulé la Christiade. Il est donc tout naturel que Rivaudeau, qui débuta comme tous ceux de son temps en cultivant « les Muses gratieuses », ait subi l’influence austère de cet ami. Si l’on en juge, d’ailleurs, par l’ode dont nous venons de parler, la traduction d’Épictète marquerait une étape décisive dans la carrière littéraire de Rivaudeau. Avec Épictète, il entra dans la voie qui conduit aux Lettres saintes, puisque tous les humanistes sont d’accord pour reconnaître que la philosophie en général, celle d’Épictète en particulier, en est le chemin. Babinot pouvait donc, avec raison, lui écrire :

« Or, ayant esclarcy le savoir d’Épictète,
Par un plus grand savoir, à si peu ne t’arreste
Et traite maintenant les utiles secrets
            De nos livres sacrés.
 »

André Rivaudeau avait débuté dans les lettres par une tragédie en cinq actes, mêlée de chœurs à la manière antique, et tirée de la Bible ; il l’intitula Aman. Cette tragédie, qui fut représentée à Poitiers en juillet 1561, ne parut imprimée que quelques années plus tard, en 1566, jointe à d’autres ouvrages de l’auteur et dédiée à Jeanne de Foix, reine de Navarre[1]. C’est donc aussitôt, un an après, en 1567, dans cette même ville de Poitiers, qu’il publia sa traduction du Manuel d’Épictète. Puis, comme s’il tenait à réaliser le conseil formulé jadis par son ami Babinot, il se tourna vers l’étude des questions religieuses. Il entreprit des Commentaires sur l’Épître aux Hébreux et l’Évangile selon saint Mathieu. Il y a même lieu de croire que ces travaux ont été menés de front avec celui de la traduction, puisque très souvent il y fait allusion dans ses Observations sur

  1. Cf. Eug. Haag, La France protestante (1846-1858) : « Les œuvres d’André Rivaudeau, gentilhomme du Bas-Poitou. Aman, tragédie sainte tirée du VIIe chap. d’Esther, livre de la sainte Bible. À Jeanne de Foix, très illustre et très vertueuse royne de Navarre. Outre deux livres du mesme autheur, le premier contenant les complaintes, le second les diverses poésies » (Poitiers 1566, in-4°).