Page:Rivière - Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, 1882.djvu/240

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du charbon et du sel et ne mourut pas. Vers le soir, l’ogresse leur dit: «Je vous adjure, au nom de Dieu, de me dire quand vous dormez.» Ils lui répondirent: «Quand tu nous entendras ronfler.» — «Et toi, Amor, quand dors-tu?» — «O princesse, répondit-il. quand tu verras des pierres pousser sur celle du foyer, tu sauras que je dors, sinon je ne dormirai pas; et toi, ô princesse, quand dors-tu?» Elle lui répondit: «Quand tu entendras les chiens aboyer, les ânes braire, les chevaux hennir, les grenouilles coasser, les chacals crier, les serpents siffler, tu sauras que je dors ; sinon je ne dormirai pas. » Quand l’ogresse fut endormie, les enfants se levèrent, coururent à leurs chevaux, et, ne les trouvant pas, ils montèrent sur celui d’Amor. A son réveil, l’ogresse se mit à leur poursuite afin de les dévorer. Elle les aperçut du haut d’une colline et leur cria : " O Amor, attends-moi. » — « Malheur à ton père, » lui répondit Amor. En arrivant chez leur père, les enfants lui dirent : « Sans Amor, l’ogresse nous eût dévorés. » Un jour, l’un des enfants dit à son père : « O mon père, il y a chez l’ogresse un tapis qui s’étend seul. » — « Amor nous l’apportera, » répondit le père.