Page:Rivière - Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, 1882.djvu/247

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moi mon bien, sinon je vous dévore. » Le nain donna à chacun de ses frères un morceau de son gâteau de cendre, et chacun rendit le sien à l’ogresse. Alors elle ajouta: "Ne craignez rien, mangez tranquillement, je ne vous ferai aucun mal." — "Quand te couches-tu?» lui demanda le nain. Elle lui répondit: "Quand tu entendras les grenouilles coasser, tu sauras que je suis couchée ; et toi, quand te couches-tu?" — «Quand tu verras du cresson pousser entre les pierres du foyer, tu sauras que je suis couché." Le nain ne se coucha pas, il se leva, sella les chevaux, réveilla ses frères et leur dit: «Levez-vous.» En même temps ils enlevèrent à l’ogresse ce qu’elle possédait. Quand celle-ci s’éveilla, elle s’aperçut de leur fuite et se mit à leur poursuite. Elle les vit dans le lointain et leur cria : " Dieu vous maudisse, vous qui m’avez ainsi trahie en m’enlevant mes trésors. » Elle n’eut pas plutôt dit : "Dieu vous maudisse, que leurs chevaux tombèrent morts, excepté celui du nain qui n’avait rien mangé. Il prit ses frères en croupe et arrivèrent à leur maison. Les enfants dirent à leur père : « Tu marieras notre petit frère, c’est lui qui nous a amenés ; sans lui, l’o-