Page:Rivista italiana di numismatica 1891.djvu/207

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À quelques exceptions près, nos monnaies sont exclusivement savoisiennes ; la collection est donc antérieure à la cession de nos provinces à la France. Il y a plus. Une série de quarts de sept au sol est marquée d’un millésime, et nous la voyons se poursuivre de 1589 à 1594 sans interruption. Ce n’est point faire acte de témérité, croyons-nous, que de reporter à 1595 la date du fait qui nous occupe.

Henri IV avait, en effet, déclaré la guerre à la Savoie, et on était alors au plus fort de la lutte. Pénétrant dans la Bresse par Montluel, — seconde campagne, 1595 — Biron s’était avancé jusqu’à Villars qu’il avait livré au pillage. Mais voici qu’un message le mande en toute hâte en Bugey. Menacé dans Lompnes par le comte de Martiningen, qui arrivait à marches pressées avec une forte cavalerie, le seigneur d’Andert appelait Biron à son secours. Le maréchal ne put le rejoindre assez tôt. En apprenant la reddition de Lompnes, il saccagea bourgs et châteaux sur sa route, St.-Germain, St.-Denis, etc. et se rabattit sur Pont-d’Ain.

Le château n’était pas en état de défense. Après un simulacre de résistance, il se rendit à merci. Biron en fit son quartier général, et, malgré la trêve de Grenoble, que le roi venait de signer, se mit à dévaster la région environnante. Chaque jour, des détachements isolés, s’éloignant dans toutes les directions, brûlaient les villages, égorgeaient les habitants, et ne rentraient à leurs quartiers que chargés d’un honteux butin. Les pauvres villageois, affolés, constamment menacés de pillage et d’incendie, exposés à une mort de tous les instants, n’avaient qu’une préoccupation : mettre à l’abri leurs personnes et leurs objets les plus précieux. C’est dans ces tristes conjonctures, nous n’en doutons pas, que le possesseur de ce petit trésor crut prudent de le confier à la terre, avec espoir de restitution, quand des temps meilleurs, dont on apercevait déjà l’aurore, auraient enfin de nouveau apparu. Il ne revint pas. Qui sait le sort que lui auront réservé les cinq longues années de souffrances, d’angoisses et de perplexités cruelles, que dura encore l’occupation française, avant la paix de 1601 !

La terre garda son dépôt. On sait le reste.

Nous manquerions à la reconnaissance, si nous terminions cet exposé sans adresser nos remercîments à Mr. Perrin, ancien Conservateur du musée de Chambéry.