Page:Rivoire - Œuvres, Poèmes d’amour, 1909.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Petite Rue

C’est une rue étroite avec d’humbles maisons
Dont la pluie a verdi de lèpres les façades,
Des chambres d’ouvriers aux fenêtres maussades
Où vit le sourd regret des larges horizons.

Car voici que, dès l’aube, avec des forces neuves,
En se frottant les yeux, les hommes sont partis,
Doucement, pour ne pas éveiller les petits.
Et tout le long du jour les femmes seront veuves.

Elles vivent ainsi, courbant la tête aux jougs
Des austères devoirs que le matin ramène,
Rêvant d’herbe et d’azur au bout de la semaine.
Comme un petit enfant rêve de beaux joujoux.