Page:Rivoire - Œuvres, Poèmes d’amour, 1909.djvu/125

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Toutes, leurs derniers-nés pendus après leurs manches,
Sur des labeurs sans trêve usent leurs yeux rougis,
Tristes sœurs de misère, esclaves du logis,
Pour qui le temps vécu se résume aux dimanches.

Mieux que le nourrisson qui crie en son berceau,
Des serins et des fleurs sont leurs amis fidèles :
Car d’instinct les enfants, qui languiraient près d’elles,
En sortant de leurs bras descendent au ruisseau.

Pêle-mêle, ils sont là, les garçons et les filles :
Près des flaques où l’eau pendant des mois croupit,
Avec des cris aigus barbote et s’accroupit
Tout ce peuple fangeux de bambins en guenilles.

D’avance résignés, calmes, insoucieux,
Aux promesses de coups qui pleuvent des croisées,
Ils lèvent seulement leurs têtes amusées
Où fleurit la candeur paisible de leurs yeux.

Quelque vieille en haillons, dévouée à leur garde,
Par honte de manger sans payer son écot,
Tout en hâtant l’aiguille aux mailles du tricot,
Sur le bord du trottoir, placidement regarde.