Aller au contenu

Page:Rivoire - Berthe aux grands pieds, 1899.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
BERTHE AUX GRANDS PIEDS

Mais Berthe se rapproche et lui parle humblement :
« Ne me repoussez pas. Je suis lasse et perdue ;
J’ai froid, j’ai faim, j’ai soif ; votre pitié m’est due,
Mon père, et je l’implore au nom de saint Clément. »

L’ermite se rassure, et, songeant que le diable
Ne se présente pas au nom d’un saint, voici,
D’un visage plus calme et d’un ton radouci,
Qu’il ose sans remords se montrer pitoyable.

Il interroge Berthe, et Berthe sans détour
Lui dit son nom royal, son cœur, son espérance,
Son départ de Hongrie et son entrée en France,
L’amour du roi Pépin promis à son amour.

Elle dit le filet de maligne imposture
Dont la serve Margiste a su l’envelopper,
Le remords des sergents au moment de frapper,
Et sa nuit dans les bois, fuyante à l’aventure.