Page:Robert - Histoire et description naturelle de la commune de Meudon, 1843.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’ennemi rentra à Versailles le lendemain au matin de son expulsion.

Enfin, le 3 juillet à trois heures après minuit, les Prussiens, sous les ordres du général Ziéthen (le fils de Blücher avait été tué), s’étant approchés de Saint-Cloud et de Meudon, une vive fusillade s’engagea sur ces hauteurs ; elles furent enveloppées d’une épaisse fumée ; on se battit avec acharnement dans les vignes de ce dernier village, sur lequel pleuvaient les projectiles de tous genres ; mais, je dois le dire, il eut principalement à souffrir des Français qui, placés près de Fleury, tiraient sur les Prussiens retranchés sur la terrasse du château ; les obus, ne pouvant atteindre leur but, éclataient au dessus du village[1], qui subit une espèce de siège.

  1. Je possède encore des boulets et des biscaïens qui sont venus se perdre dans la propriété de mon père, située près de l’église. Encore enfants, et ne prévoyant aucun danger, ma sœur aînée et moi, nous courions voir le trou qu’ils avaient fait, et nous éprouvions un certain plaisir à entendre siffler les balles.
    Ajouterai-je, afin de donner une idée de ce que nos campagnes eurent à supporter dans cette cruelle circonstance, tandis qu’à Paris on se promenait paisiblement aux Tuileries ou ailleurs en grande toilette, que, le même jour, ma mère étant sur le point d’accoucher, son lit de douleur était dressé, lorsqu’un officier prussien, souillé de poussière, entra et s’y jeta tout habillé, malgré les remontrances qui lui furent faites, et que force fut d’en établir un autre où elle ne tarda pas à être délivrée. Le lendemain, elle fut obligée de se lever et de donner elle-même à manger à des soldats qui, pour obtenir de nouvelles bouteilles d’eau-de-vie, menaçaient de lui casser la tête avec celles qu’ils avaient vidées, et qu’ils brandissaient animés de la plus sauvage fureur.