Page:Robert - Les Mendiants de Paris, 1872.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES
MENDIANTS DE PARIS


I

le péristyle de l’église


C’est à l’entrée de nos magnifiques églises, au pied du frontispice qui inscrit en grands caractères la pensée chrétienne de la fraternité des hommes et du salut de tous, que se montrent le plus grand nombre de mendiants, de ces êtres de rebut, de réprobation, dont le corps et l’âme baignent encore en pleine fange.

Par une belle matinée du mois de mai de l’année 1843, la légion de mendiants qui habite le péristyle de Saint-Sulpice était considérablement augmentée. Bon nombre de pauvres se pressaient déjà vers le portail, d’autres débouchaient des quatre coins de la place, sous mille figures diverses, piteuses ou grotesques.

Infirmes de toute sorte : aveugles, perclus, écloppés, malingreux, enfants, vieillards arrivaient à la file et surchargeaient le parvis.

Au delà de cette foule bizarrement hideuse, les grandes portes ouvertes laissaient voir dans le clair-obscur de l’imposante nef l’appareil d’une cérémonie majestueuse. Le maître-autel était couvert de ses ornements d’or massif et de pierreries ; les innombrables cierges s’allumaient lentement comme des étoiles naissant une à une dans le cré-