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Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/24

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XXXV.

Apôtre destiné pour gouverner l'Église,
Et porter en tes mains les clefs du Paradis :
Où sont ces mouvements naguère si hardis ?
Ne t'en souvient-il plus, ni de ta foi promise ?
Comment souffrirais-tu les tourments de la Croix ?
Déjà ton Créateur tu renonces trois fois
Par la peur de mourir, dont ton âme est saisie.
Fermeté, désormais où te doit-on chercher,
Si la pierre que CHRIST a lui-même choisie
Est un sable mouvant et non pas un rocher ?

XXXVI.

J'entends le chant du Coq, et vois à la même heure
Cet oiseau du Soleil, en saluant le jour,
Faire naître en ton coeur, par un heureux retour,
Un regret si cuisant qu'il semble qu'il en meure.
Pierre ne craint plus rien : ce sacré repentir
Est un des fondements sur quoi Dieu veut bâtir
L'édifice immortel de son Église sainte.
Si ton âme eut été constante dans la Foi,
Tu ne la verrais pas dans l'heureuse contrainte
D'espérer tout de lui, et du tout rien de toi.