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Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/28

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XLIII.

Tu t'en vas, mon Sauveur, ta charité te presse
De marcher à grands pas pour embrasser ta Croix :
Les filles de Sion ne peuvent cette fois
Empêcher que leurs pleurs ne montrent leur tristesse.
Décharge-toi, Seigneur, d'un fardeau si pesant,
Car si tu succombais dessous ce mal présent
Tu ne pourrais souffrir celui de ton supplice.
Ô merveille d'amour, qui peut assez t'aimer ?
Vit-on jamais hostie allant au Sacrifice
Porter le bois fatal qui doit la consommer ?

XLIIII.

Heureux Cyrénien, les Saints portent envie
Au bonheur nonpareil qui t'arrive en ce lieu.
La Croix que tu soutient, doit soutenir un Dieu :
Pour y toucher du doigt je donnerais ma vie.
Peut-on d'un trop grand prix payer la moindre part
De l'extrême faveur que le Ciel te départ ?
Au lieu de votre Croix, faites, CHRIST, que les nôtres
Nous soient par votre amour faciles à porter :
Car puisque nos péchés vous tenez comme vôtres,
Vous pourrez bien nos croix pour vôtres réputer.