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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/40

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Jeanne. — Je jure de dire vérité sur ce qui touche la foi.

L’Évêque. — Que maître Jean Beaupère, insigne professeur de sacrée théologie, interroge Jeanne.

Jean Beaupère. — Tout d’abord, je vous exhorte à dire vérité sur ce qu’on demandera, comme vous l’avez juré.

Jeanne. — Vous me pourriez bien demander telle chose sur laquelle je répondrais vérité, et sur une autre je ne la répondrais pas. Si vous étiez bien informés de moi, vous devriez vouloir que je fusse hors de vos mains. Je n’ai rien fait fors par révélation.

Jean Beaupère. — Quel était votre âge quand vous avez quitté la maison de votre père ?

Jeanne. — De mon âge je ne saurais déposer.

Jean Beaupère. — Dans votre jeunesse avez-vous appris quelque métier ?

Jeanne. — Oui, à coudre panneaux de lin, et à filer, et je ne crains femme de Rouen pour filer et coudre.

Jean Beaupère. — N’avez-vous pas quitté une fois la maison de votre père ?

Jeanne. — Par crainte des Bourguignons, j’ai quitté la maison de mon père, et suis allée dans la ville de Neufchâteau, en Lorraine, chez une certaine femme, surnommée la Rousse, où j’ai demeuré environ quinze jours.

Jean Beaupère. — Que faisiez-vous quand vous étiez dans la maison de votre père ?

Jeanne. — Quand j’étais dans la maison de mon père, je vaquais aux besognes familières de la maison, et je n’allais pas aux champs avec les brebis et autres bêtes.

Jean Beaupère. — Confessiez-vous vos péchés chaque année ?

Jeanne. — Oui, et à mon propre curé. Et quand le curé était empêché, je me confessais à un autre prêtre, avec le congé dudit curé. Quelquefois aussi, deux ou trois fois, à ce que je crois, je me suis confessée à des religieux mendiants. Et c’était