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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/41

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dans ladite ville de Neufchâteau. Et je recevais le sacrement d’Eucharistie à la fête de Pâques.

Un assesseur. — Receviez-vous le sacrement d’Eucharistie aux fêtes autres que Pâques ?

Jeanne. — Passez outre.

Jean Beaupère. — Quand avez-vous commencé à ouïr ce que vous nommez vos Voix ?

Jeanne. — Quand j’eus l’âge de treize ans, j’eus une voix de Dieu pour m’aider à me gouverner. Et la première fois, j’eus grand’peur. Et vint cette voix environ l’heure de midi, au temps de l’été, dans le jardin de mon père. Je n’avais pas jeûné la veille. J’ouïs la voix du côté droit vers l’église, et rarement je l’ouïs sans clarté. En vérité il y a clarté du côté où la voix est ouïe, il y a là communément une grande clarté. Quand je vins en France, souvent j’entendais cette voix.

Jean Beaupère. — Comment voyez-vous la clarté que vous dites quand cette clarté est sur le côté ?

Jeanne, sans répondre. — Si j’étais dans un bois, j’entendrais bien la voix venant à moi.

Jean Beaupère. — Comment était cette voix ?

Jeanne. — Il me semblait que c’était une digne voix, et je crois que cette voix était envoyée de par de Dieu. Lorsque j’eus ouï par trois fois cette voix, je connus que c’était la voix d’un ange. Cette voix m’a toujours bien gardée, et je comprenais bien cette voix.

Jean Beaupère. — Quel enseignement vous donnait cette voix pour le salut de votre âme ?

Jeanne. — Elle m’enseigna à me bien conduire, à fréquenter l’église. Elle me dit qu’il était nécessaire que je vinsse en France.

Un assesseur. — Sous quelle forme cette voix vous est-elle apparue ?

Jeanne. — Vous n’aurez pas cela de moi, cette fois. Cette voix me disait, deux ou trois fois la semaine, qu’il fallait que je partisse et que je vinsse en France, et que mon père ne sût rien de mon départ. La voix me disait de venir en France, et je ne pouvais plus durer où j’étais. Cette voix