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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/46

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j’ai assez juré de deux fois. Tout le clergé de Rouen ou de Paris ne saurait me condamner sans droit.

L’Évêque. — Nous vous requérons de jurer de dire la vérité.

Jeanne. — De ma venue en France, je dirai volontiers vérité. Mais je ne dirai pas tout. Et huit jours ne suffiraient pas à dire tout.

L’Évêque. — Prenez avis des assesseurs pour savoir si vous devez jurer ou non.

Jeanne. — De ma venue, je dirai volontiers vérité, et non autrement. Il ne faut plus m’en parler.

L’Évêque. — Vous vous rendez suspecte en ne voulant jurer de dire vérité.

Jeanne. — Il ne faut plus m’en parler.

L’Évêque. — Nous vous requérons de jurer, précisément et absolument.

Jeanne. — Je dirai volontiers ce que je sais, mais encore pas tout. Je suis venue de par Dieu, et n’ai que faire ici, et demande qu’on me renvoie à Dieu de qui je suis venue.

L’Évêque. — Nous vous requérons et admonestons de jurer sous peine d’être convaincue de ce dont vous accuse.

Jeanne. — Passez outre.

L’Évêque. — Nous vous requérons une dernière fois de jurer, et vous admonestons de dire vérité sur ce qui touche le procès. Vous vous exposez à grand danger par un tel refus.

Jeanne. — Je suis prête à jurer de dire vérité sur ce que je saurai touchant le procès. Je le jure.

L’Évêque. — Que l’illustre docteur maître Jean Beaupère interroge Jeanne.

Jean Beaupère. — À quelle heure avez-vous bu et mangé pour la dernière fois ?

Jeanne. — Depuis hier après-midi je n’ai mangé ni bu.

Jean Beaupère. — Depuis quelle heure avez-vous entendu la voix qui vient à vous ?

Jeanne. — Je l’ai ouïe hier et aujourd’hui.