Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/47

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Jean Beaupère. — À quelle heure, hier, avez-vous ouï cette voie ?

Jeanne. — Je l’aie ouïe trois fois, ce jour-là : une fois au matin, une fois à vêpres, et la troisième fois comme on sonnait pour l’Ave Maria du soir. Et je l’ouïs plus souvent que je ne le dis.

Jean Beaupère. — Hier au matin, que faisiez-vous, quand cette voix est venue à vous ?

Jeanne. — Je dormais, et la voix m’a réveillée.

Jean Beaupère. — Vous a-t-elle éveillée en vous touchant les bras ?

Jeanne. — J’ai été éveillée par la voix, sans toucher.

Jean Beaupère. — La voix était-elle dans votre chambre ?

Jeanne. — Non, que je sache, mais elle était dans le château.

Jean Beaupère. — Avez-vous remercié cette voix ! et avez-vous fléchi les genoux ?

Jeanne. — Je l’ai remerciée, mais en m’asseyant en mon lit, et j’ai joint les mains. Et ce fut après l’avoir requise de prêter conseil. Sur quoi elle me dit de répondre hardiment.

Jean Beaupère. — Que vous dit la voix quand vous fûtes éveillée ?

Jeanne. — Je lui demandai conseil sur ce que je devais répondre, lui disant de demander conseil sur cela à Notre-Seigneur, Et la voix me dit que je réponde hardiment et que Dieu me conforterait.

Jean Beaupère. — La voix vous a-t-elle dit quelques paroles avant d’être requise par vous ?

Jeanne. — La voix me dit quelques paroles, mais je ne les compris toutes. Toutefois, quand je fus éveillée du sommeil, la voix me dit de répondre hardiment. (À l’évêque.) Vous dites que vous êtes mon juge. Avisez-vous de ce que vous faites, car, en vérité, je suis envoyée de par Dieu, et vous vous mettez en grand danger.

Jean Beaupère. — Cette voix a-t-elle quelquefois varié ses conseils ?

Jeanne. — Oncques ne l’ai trouvée en deux