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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/54

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touchant le roi de France, je ne le dirai pas sans congé de ma voix.

Jean Beaupère. — La voix vous a-t-elle défendu de dire tout ?

Jeanne. — Je ne l’ai pas bien comprise.

Jean Beaupère. — Que vous a dit la voix en dernier lieu ?

Jeanne. — Je lui ai demandé conseil sur aucunes choses qu’on m’avait demandées.

Jean Beaupère. — Vous a-t-elle donné conseil sur ces choses ?

Jeanne. — Sur aucuns points, j’ai eu conseil ; et sur aucuns on pourra me demander réponse, sur quoi je ne répondrai pas sans congé. Et si je répondais sans congé par aventure, je n’aurais pas les voix « en garant ». Quand j’aurai congé de Notre-Seigneur, je ne craindrai pas de parler, car j’aurai un bon garant.

Jean Beaupère. — Était-ce voix d’ange qui vous parlait, voix de saint, de sainte, ou de Dieu sans intermédiaire ?

Jeanne. — C’est la voix de sainte Catherine et de sainte Marguerite. Et leurs figures sont couronnées de belles couronnes moult richement et moult précieusement. Et sur cela j’ai congé de Notre-Seigneur. Si sur cela vous avez un doute, envoyez à Poitiers où autrefois j’ai été interrogée.

Jean Beaupère. — Comment savez-vous que ce sont ces deux Saintes ? Les connaissez-vous l’une d’avec l’autre ?

Jeanne. — Je sais bien que ce sont elles, et je les connais bien l’une de l’autre.

Jean Beaupère. — Comment les connaissez-vous l’une de l’autre ?

Jeanne. — Je les connais par le salut qu’elles me font. Il y a sept ans passés qu’elles m’ont prise pour me gouverner. Je les connais parce qu’elles se nomment à moi.

Jean Beaupère. — Les deux Saintes sont-elles vêtues d’un même drap ?

Jeanne. — Je ne vous en dirai maintenant autre chose. Je n’ai pas congé de vous le révéler. Et si vous ne me croyez, allez à Poitiers !