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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/53

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Jeanne. — Volontiers je jurerais de dire vérité sur ce qui touche le procès, mais non pas sur tout ce que je sais.

L’Évêque. — Nous vous requérons de jurer de répondre vérité sur tout ce qui vous sera demandé.

Jeanne. — Volontiers je jurerais de dire vérité sur ce qui touche le procès, mais non pas sur tout ce que je sais. Vous devez être contents : j’ai assez juré.

L’Évêque. — Que maître Jean Beaupère interroge Jeanne.

Jean Beaupère. — Comment vous êtes-vous portée depuis samedi dernier ?

Jeanne. — Vous voyez bien comme je me suis portée. Je me suis portée le mieux que j’ai pu.

Jean Beaupère. — Jeûniez-vous tous les jours de ce carême ?

Jeanne. — Cela est-il de votre procès ?

Jean Beaupère. — Oui, cela sert au procès.

Jeanne. — Oui, vraiment, j’ai toujours jeûné durant ce carême.

Jean Beaupère. — Depuis samedi, avez-vous ouï la voix qui vient à vous ?

Jeanne. — Oui, vraiment, je l’ai ouïe beaucoup de fois.

Jean Beaupère. — Ce samedi, l’avez-vous ouïe en cette salle où on vous interrogeait ?

Jeanne. — Ce n’est point de votre procès.

Jean Beaupère. — Cela sert au procès.

Jeanne. — Oui, vraiment, je l’ai ouïe.

Jean Beaupère. — Que vous a dit la voix samedi ?

Jeanne. — Je ne la comprenais pas bien, et ne comprenais chose que je vous puisse répéter jusqu’au retour en ma chambre.

Jean Beaupère. — Que vous a dit la voix quand vous fûtes retournée en votre chambre ?

Jeanne. — Elle m’a dit que je vous répondisse hardiment. Je lui ai demandé conseil sur les questions que vous me poseriez. Ce que j’aurai congé de Notre-Seigneur de révéler, je le dirai volontiers. Mais de ce qui touche les révélations