Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/57

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mandement fait à vous de prendre habit d’homme soit licite ?

Jeanne. — Tout ce que j’ai fait, est par le commandement du Seigneur. Et s’il me prescrivait d’en prendre un autre, je le prendrais, puisque ce serait par le commandement de Dieu.

Jean Beaupère. — L’avez-vous fait par ordre de Robert de Baudricourt ?

Jeanne. — Non.

Jean Beaupère. — Croyez-vous avoir bien fait en prenant habit d’homme ?

Jeanne. — Tout ce que j’ai fait par commandement du Seigneur, je crois l’avoir bien fait, et j’en attends bon garant et bon secours.

Jean Beaupère. — Mais dans ce cas particulier, en prenant habit d’homme, croyez-vous avoir bien fait ?

Jeanne. — Rien au monde de ce que j’ai fait dans mes actions ne l’a été fors par commandement de Dieu.

Jean Beaupère. — Quand vous avez vu la voix qui venait à vous, y avait-il de la lumière ?

Jeanne. — Il y avait moult de lumière de toute part, et cela est convenable. Toute lumière ne vient pas que pour vous.

Jean Beaupère. — Y avait-il un ange sur la tête de votre Roi quand vous le vites pour la première fois ?

Jeanne. — Par la Bienheureuse Marie ! s’il y était, je ne sais, et je ne l’ai point vu.

Jean Beaupère. — Il y avait donc de la lumière ?

Jeanne. — Il y avait plus de trois cents chevaliers, et cinquante torches, sans compter la lumière spirituelle. Et rarement j’ai eu révélations sans qu’il y ait lumière.

Jean Beaupère. — De quelle façon votre Roi a-t-il ajouté foi à vos dires.

Jeanne. — Il avait de bons intersignes, et par les clercs.

Jean Beaupère. — Quelles révélations eut votre Roi ?

Jeanne. — Vous ne les aurez pas encore de