Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/58

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moi de cette année. Pendant trois semaines, je fus interrogée par les clercs, à Chinon et à Poitiers. Mon Roi eut un signe de mes faits, avant de vouloir croire en moi. Et les clercs de mon parti furent de cette opinion qu’il n’y avait rien que de bien en mon fait.

Jean Beaupère. — Avez-vous été à Sainte-Catherine-de-Fierbois ?

Jeanne. — Oui. Et là j’ouïs trois messes en un jour. Ensuite j’allai à la ville de Chinon. J’envoyai une lettre à mon Roi disant que j’envoyais pour savoir si j’entrerais dans la ville où était le dit Roi ; que j’avais bien fait cent cinquante lieues pour venir vers lui, à son secours, et que je savais moult de choses bonnes pour lui. Et il me semble qu’en cette lettre il y avait contenu que je reconnaîtrais bien mon Roi entre tous les autres.

Jean Beaupère. — Aviez-vous une épée ?

Jeanne. — J’avais une épée que j’avais prise à Vaucouleurs.

Jean Beaupère. — N’aviez-vous pas une autre épée ?

Jeanne. — Étant à Tours ou à Chinon, j’envoyai chercher une épée étant dans l’église de Sainte-Catherine-de-Fierbois, derrière l’autel. Et aussitôt après elle fut trouvée, toute rouillée.

Jean Beaupère. — Comment saviez-vous que cette épée était là ?

Jeanne. — Cette épée était dans la terre, rouillée, et il y avait dessus cinq croix. Je sus qu’elle était là par mes voix, et oncques n’avait vu l’homme qui alla quérir ladite épée. J’écrivis aux gens d’église de ce lieu qu’il leur plaise me donner cette épée. Et ils me l’envoyèrent. Elle n’était que peu en terre derrière l’autel, comme il me semble. Toutefois, ne sais au juste si elle était devant l’autel, ou derrière. Mais je crois que j’ai écrit alors que ladite épée était derrière l’autel. Sitôt que l’épée fut découverte, les gens d’église du lieu la frottèrent, et aussitôt tomba la rouille sans effort. Ce fut un marchand d’armes de Tours qui alla la quérir. Les gens d’église du lieu me