Je sais cela par révélation aussi bien comme je vous sais devant moi.
L’Évêque. — Quand cela arrivera-t-il ?
Jeanne. — Je ne sais le jour ni l’heure.
L’Évêque. — Quelle année cela arrivera-t-il ?
Jeanne. — Vous n’aurez pas encore cela. Bien voudrais-je toutefois que ce fût avant la Saint-Jean !
L’Évêque. — Avez-vous dit que cela adviendrait avant la Saint-Martin d’hiver ?
Jeanne. — J’ai dit qu’avant la Saint-Martin d’hiver on verrait bien des choses ; et ce pourrait être que ce soient les Anglais qui seront jetés à terre.
L’Évêque. — Qu’avez-vous dit à John Grey, votre garde, sur la Saint-Martin ?
Jeanne. — Je vous l’ai dit.
L’Évêque. — Par qui savez-vous que cela adviendra ?
Jeanne. — Je le sais par saintes Catherine et Marguerite.
L’Évêque. — Saint Gabriel était-il avec saint Michel, quand il vint à vous ?
Jeanne. — Il ne m’en souvient pas.
L’Évêque. — Depuis mardi dernier passé, avez-vous parlé avec saintes Catherine et Marguerite ?
Jeanne. — Oui, mais je ne sais l’heure.
L’Évêque. — Quel jour ?
Jeanne. — Hier et aujourd’hui. Il n’est jour que je ne l’entende.
L’Évêque. — Les vites-vous toujours dans le même habit ?
Jeanne. — Je les vois toujours sous même forme ; et leurs figures sont couronnées moult richement ; du reste, et leurs robes, je ne sais rien.
L’Évêque. — Comment savez-vous que vos apparitions sont homme ou femme ?
Jeanne. — Je le sais bien, et les reconnais à leurs voix, et parce qu’elles me l’ont révélé ! Je ne sais rien que ce ne soit fait par révélation et commandement de Dieu.
L’Évêque. — Quelle figure y voyez-vous ?