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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/68

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Jeanne. — Je vois le visage.

L’Évêque. — Les Saintes qui vous apparaissent ont-elles des cheveux ?

Jeanne. — C’est bon à savoir.

L’Évêque. — Y avait-il quelque chose entre leurs couronnes et leurs cheveux ?

Jeanne. — Non.

L’Évêque. — Leurs cheveux étaient-ils longs et pendants ?

Jeanne. — Je n’en sais rien. Et ne sais encore s’il y avait des bras, ou autres membres figurés. Elles parlaient très bien et bellement, et je les comprenais très bien.

L’Évêque. — Comment parlaient-elles puisqu’elles n’avaient pas de membres ?

Jeanne. — Je m’en rapporte à Dieu. Cette voix est belle, et douce, et humble, et parle langage de France.

L’Évêque. — Sainte Marguerite parle-t-elle langage d’Angleterre ?

Jeanne. — Comment parlerait-elle anglais puisqu’elle n’est pas du parti des Anglais ?

L’Évêque. — Sur leurs têtes, avec les couronnes, y avait-il des anneaux d’or ou autrement ?

Jeanne. — Je n’en sais rien.

L’Évêque. — Vous-même n’avez-vous pas certains anneaux ?

Jeanne. — Vous, évêque, vous en avez un à moi. Rendez-le moi ! Les Bourguignons ont un autre anneau. Mais montrez-moi cet anneau, si vous l’avez.

L’Évêque. — Qui vous donna l’anneau qu’ont les Bourguignons ?

Jeanne. — Mon père, ou ma mère. Il me semble qu’il y avait écrit les noms Jhesus Maria ; je ne sais qui les fit écrire ; et il n’y avait pas de pierre, à ce qu’il me semble. Et l’anneau me fut donné en la ville de Domrémy. Mon frère me donna un autre anneau que vous avez, et que je vous charge de le donner à l’église.

L’Évêque. — N’avez-vous guéri personne avec l’un ou l’autre de vos anneaux ?