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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/75

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Jeanne. — Je fais mieux d’obéir et servir mon Souverain Seigneur, c’est à savoir Dieu. Si j’eusse dû l’avoir fait, je l’eus plutôt fait à la requête de ces deux dames que d’autres dames qui soient en France, excepté ma Reine.

L’Évêque. — Quand Dieu vous révéla de changer votre habit, fut-ce par la voix de saint Michel, de sainte Catherine ou de sainte Marguerite ?

Jeanne. — Vous n’en aurez maintenant autre chose.

L’Évêque. — Quand votre Roi vous mit premièrement en œuvre et que vous fîtes faire votre étendard, les gens d’armes et autres gens de guerre firent-ils faire panonceaux à la manière du vôtre ?

Jeanne. — Il est bon à savoir que les seigneurs maintenaient leurs armes. Certains compagnons de guerre en firent faire à leur plaisir, et les autres non.

L’Évêque. — De quelle manière les firent-ils faire ? Fut-ce de toile ou de drap ?

Jeanne. — C’était de blancs satins, et il y avait en certains les fleurs de lis. Je n’avais en ma compagnie que deux ou trois « lances », mais les compagnons de guerre aucunes fois en faisaient faire à la semblance des miens, et ne faisaient cela que pour connaître mes hommes des autres.

L’Évêque. — Les panonceaux étaient-ils souvent renouvelés ?

Jeanne. — Je ne sais. Quand les lances étaient rompues, on en faisait de nouveaux.

L’Évêque. — N’avez-vous pas dit que les panonceaux qui étaient en semblance des vôtres étaient heureux ?

Jeanne. — Je leur disais bien aucunes fois : Entrez hardiment parmi les Anglais ! et moi-même j’y entrais.

Jacques de Touraine. — N’avez-vous point été en des lieux où les Anglais eussent été tués ?

Jeanne. — En nom Dieu, si ! Comme vous