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Page:Robert Chénier - Barreaux (1945).djvu/15

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Comme dans les camps d’Allemagne,
Chaque nuit, ô Nuit, tu reviens
Me rendre tout ce qu’on éloigne.
Je ferme les yeux sous tes mains,
Je m’embarque, tu m’accompagnes,
Me caresses jusqu’au matin.

Ô Nuit, ô seul trésor pareil
Pour l’homme ou le proscrit
Je t’ai donc retrouvée, merveille,
Après trois ans, te revoici.
Je me rends à ton cher soleil ;
Enlève-moi, comme jadis.

Sur la paille où sont les soldats,
Tu m’apportais les mêmes songes
Qu’aux heureux dont je n’étais pas.
Aujourd’hui, vers toi je replonge,
Ô secourable, ô toujours là,
Ô Nuit qui n’as pas de mensonges.