Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/33

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ment, emmenant avec lui deux frégates françoises, (la Licorne & la Pallas) qui furent prises pour s’être trop engagées en voulant le reconnoître.

Par cette défiance, on négligea de battre une des deux escadres, & d’empêcher l’Amiral Biron de remplir sa mission. On s’apperçut trop tard de la faute qu’on avoit faite ; mais elle étoit irréparable. Ce fut une des premières de cette guerre, & aussi une des plus funestes, par les suites.

On en avoit fait une autre qui n’étoit guères moins grande, en faisant partir de Toulon M. le Comte d’Estaing avec ses douze vaisseaux : si on l’eût fait partir de Brest, il seroit arrivé en Amérique un mois avant les Anglois ; ce qui eût été d’un grand avantage.

Je ne m’arrêtai que deux jours à Versailles, après quoi je retournai à Londres. Mon bâtiment étant fini d’armer, j’en pris le commandement, ne voulant m’en rapporter qu’à moi-même de sa conduite ; je sortis de la Tamise pour aller à Spithead, où je mouillai à côté de l’escadre angloise.

La Compagnie des Indes ayant reçu dans ces entrefaites la nouvelle de l’arrivée de sa grande flotte par une frégate qui l’avoit devancée, on dépêcha des ordres à l’Amiral Keppel d’ap-