Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/36

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— Mon garçon, dit-il, ne parlons pas des fées qui sont des créatures séduisantes imaginées par les païens ; mais il se peut très bien qu’au fond des cavernes souterraines il se cache des êtres diaboliques, tarasques, cocadrilles, guivres ou vampires, des gens dignes de foi l’affirment, sans toutefois les avoir vus… C’est possible. Nous connaissons l’histoire de l’horrible et dévorante Tarasque de Tarascon, que sainte Marthe alla courageusement capturer de ses mains dans son antre, là-bas sur le Rhône, et celle de beaucoup d’autres monstres hideux vivant en des pays sauvages… Quant au trésor, il paraît qu’il existe réellement…

— Bon ! dit Cassagnol.

— Lorsque les Wisigoths dominaient dans tout le Languedoc, reprit le père Cyprien, ils avaient apporté dans leur puissante citadelle de Carcassonne, le trésor d’Alaric, précédemment gardé à Toulouse, c’est-à-dire toutes les richesses amassées dans leurs conquêtes, le produit du pillage de la grande ville de Rome et de tant d’autres cités fameuses, des monceaux d’or et d’objets précieux, orfèvreries païennes ou chrétiennes, statues et figures d’or et d’argent… Quelques siècles passèrent, puis arrivèrent en nos contrées, les Sarrasins, sectateurs de Mahom, qui mirent tout à sac. Les Wisigoths subjugués à leur tour et obligés d’abandonner le pays, pour ne pas laisser leurs richesses aux méchants Sarrazinois, jetèrent tout le trésor d’Alaric dans le Grand-Puits de la cité, puits insondable, dont on ne peut trouver le fond… Et le trésor y est encore !

— Ah ! fit Cassagnol joyeux.

— Il y est toujours. Bien des audacieux ont cherché à le repêcher, ce trésor d’Alaric, mais ils en ont été pour leurs peines : toujours, au moment où ils croyaient n’avoir plus