Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/98

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fois et Colombe connut toute la catastrophe. La mariée pleurait et avec elle tous les petits Cassagnol, tandis que, la tête hors de son appentis, Belleàvoir, se mettait a braire tristement en signe de protestation.

Cassagnol fut longtemps à revenir, sans doute il était retenu par M. le Sénéchal. Les gens de la noce installaient un campement tant bien que mal ; les uns s’endormaient, d’autres entamaient les provisions emportées, on amassait du bois devant le Grand-Puits pour faire rôtir les canards plumés sauvés du désastre.

Les mauvaises nouvelles s’étaient vite répandues en ville, on courait à la Porte Narbonnaise où la garde avait levé le pont-levis. La place du Grand-Puits était pleine de gens amassés autour de la noce infortunée.

Au grand soulagement de Colombe désespérée qui ne savait plus où donner de la tête et songeait à se réfugier à la cave, Cassagnol enfin reparut. Il eût peine à traverser les groupes qui le tiraillaient pour avoir des nouvelles vraies.

— Ce n’est rien ! ce n’est rien ! cria-t-il, M. le Sénéchal répond de tout, il dit que chacun se tranquillise et retourne à son logis… M. le Sénéchal s’occupe des pauvres villageois réfugiés en nos murs, on va leur trouver un asile dans les bâtiments du château, il y a de la place…

Enfin il put rentrer en sa maison, Colombe larmoyante se jeta dans ses bras pendant que les enfants s’accrochaient à ses jambes.

— Allons, du calme ! du calme ! dit-il.

— Antoine, tu n es pas blessé ? fit Colombe, tu es bien sûr de n’être pas blessé ?

— Ni tué non plus, j’en suis certain…