Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/99

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— Eh bien ? Eh bien ? interrogeaient anxieusement les parents des mariés, que dit M. le Sénéchal ?

— On va vous loger, pauvres gens, on va vous mener au château, ce n’est pas la place qui manque, mais soyez calmes, M. le Sénéchal ne veut pas que vous inquiétiez la population par des récits alarmants… Tout va s’arranger, il répond de tout !

Les gens de la noce soupirèrent.

— Mon Dieu ! fît Colombe, allons-nous être attaqués ?

— Tu te tourmentes toujours !… Voici ce qu’a dit M. le Sénéchal… Àpropos, et ma flûte ? où est ma flûte ? qu’est devenue ma flûte dans tout ce bouleversement ?… Je l’ai rapportée, il faut me la trouver…

— Voilà, papa, voilà ! s’écria Cathounette bondissant vers son lit sur lequel était assise une grosse cousine de la mariée qui fermait les yeux de fatigue et somnolait malgré tout le bruit.

Cathounette fît lever la bonne femme et tira de dessous la couverture la flûte qu’elle avait enveloppée et cachée.

— À la bonne heure, très bien, embrasse-moi, Cathounette, tu es une fille sérieuse… Donc, reprit Cassagnol, voici ce qu’a dit M. le Sénéchal :

— Si les soudards de Charles-Quint veulent venir, on les recevra… vous avez vu ces Espagnols, ont-ils des ailes dans le dos ? — Je ne crois pas, monsieur le Sénéchal. — Non ? les Espagnols n’ont pas d’ailes ? Alors il suffit que j’aie les clefs de la ville dans ma poche. Carcassonne peut se rire de tout ennemi que la nature n’a pas pourvu d’ailes pour passer par-dessus les cinquante ou soixante tours de sa double enceinte ! Qu’on se souvienne de dame Carcas qui tint sept ans contre l’empereur Charlemagne ; moi je me charge de tenir