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Le Vingtième Siècle

Sylvia, c’était la Clairon, c’était Adrienne Lecouvreur, c’était Mlle Georges, c’était Rachel ou Sarah Bernhardt apparaissant, revenant sur le théâtre de leurs anciens succès, retrouvant leurs voix éteintes depuis cent ou deux cents ans, pour redire encore, dans leur manière personnelle, les grandes tirades qui avaient enflammé les spectateurs de naguère. Rien de plus empoignant, de plus tragique même, que le changement à vue qui se produisait lorsque la tragédienne Sylvia, grande femme, d’apparence robuste, massive même, très calme et très bourgeoise d’allures quand le fluide ne rayonnait pas, après avoir quelque temps assez froidement occupé la scène, se trouvait soudain, avec une contraction amenée par un simple effort de volonté, transfigurée comme sous la secousse d’une pile électrique par l’esprit qui entrait en elle et chassait pour ainsi dire sa personnalité, par l’esprit de l’artiste depuis longtemps disparue qui reparaissait soudain sur les planches foulées autrefois, théâtre de ses anciens succès, qui volait à