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Le Vingtième Siècle

— Surexcitation cérébrale ! dit le ministre.

— Plus de muscles, fit Sulfatin avec mépris. Le cerveau seul travaillant absorbe l’afflux vital aux dépens du reste de l’organisme, qui s’atrophie et se détériore ; l’homme futur, si nous n’y mettons ordre, ne sera plus qu’un énorme cerveau sous un crâne semblable à un dôme monté sur les pattes les plus grêles !

— Donc, reprit Philox, surmenage ; conséquence : affaiblissement ! De là, défense de plus en plus difficile contre les maladies qui nous assiègent. Premier point : la place est affaiblie. — Deuxième point : les ennemis qui l’assiègent se montrent de plus en plus nombreux et de plus en plus dangereux !

— Les maladies nouvelles ! fit le ministre.

— Vous l’avez dit ! Lorsqu’on a cherché à susciter à des microbes dangereux des microbes ennemis chargés de les détruire, ces microbes développés sont devenus à leur tour des ennemis pour la pauvre race humaine et ont donné naissance à des maladies inconnues, déroutant pour un instant les hommes de science qui ont le plus étudié la toxicologie microbienne…

— Et, permettez-moi de vous le dire, messieurs, fit le ministre, les méfaits de la chimie sont pour beaucoup dans notre triste état de santé à tous…

— Comment ! les méfaits ?…

— Disons, pour ne pas offenser la science, les inconvénients de la chimie trop sue, trop pratiquée, c’est-à-dire la chimie appliquée à tout, à la fabrication scientifique en grand des denrées alimentaires, liquides ou solides, de tout ce qui se mange et se boit, à l’imitation de tous les produits naturels et sincères, ou à leur sophistication… Hélas ! tout est faux, tout est feint, tout est fabriqué, imité, sophistiqué, adultéré, et nous sommes, en un mot, tous empoisonnés par tous les Borgias de notre industrie trop savante !

— Hélas ! dit un député, qui était un ex-bon vivant, actuellement ravagé par une incurable maladie d’estomac.

— Sans compter mille autres causes, comme le nervosisme général produit par l’électricité ambiante, par le fluide qui circule partout autour de nous et qui nous pénètre — les maladies industrielles frappant les hommes employés à telle ou telle industrie dangereuse et se répandant aussi autour des usines, puis l’effrayante agglomération des grouillantes