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Le Vingtième Siècle

annihiler l’influence de ce trisaïeul qui revit en toi ? Comment le tuer, ce scélérat ? Car tu penses bien que je vais lutter et le tuer…

— Comment tuer un trisaïeul mort depuis plus de cent ans ? fit Georges Lorris en souriant ; tu sais que je vais défendre mon ancêtre, pour lequel je ne professe pas le même superbe dédain que toi…

— Je veux le détruire, moralement bien entendu, puisque le scélérat qui vient ruiner mes plans est hors de ma portée ; mais je veux combattre son influence malheureuse et la dominer… Tu penses bien, mon garçon, que je ne vais pas t’abandonner, pauvre enfant plus malchanceux que coupable, abandonner ma race !… Certes non !.. Je ne puis pas te refaire, hélas ! je ne peux pas te remettre, comme j’y avais songé, pour cinq ou six ans, à Intensive scientific Institut

— Merci, fit Georges avec effroi, j’aime mieux autre chose…

— J’ai autre chose, et mieux, car tu ne sortirais pas beaucoup plus fort…

— Voyons ce meilleur plan ?

— Voici ! Je te marie ! Je nous sauve par le mariage !

— Le mariage ! s’écria Georges stupéfait.

— Attends ! un mariage étudié, raisonné, où j’aurai mis toutes les chances de notre côté ! Il me faut quatre petits-enfants, de sexe quelconque — garçons si possible, j’aimerais mieux — enfin, quatre rejetons de l’arbre Philox-Lorris : un chimiste, un naturaliste, un médecin, un mécanicien, qui se compléteront l’un par l’autre et perpétueront la dynastie scientifique Philox-Lorris… Je considère la génération intermédiaire comme ratée…

— Merci !

— Absolument ratée ! C’est une non-valeur, un resté pour compte. Je laisse donc de côté cette génération intermédiaire, et je m’arrange pour durer jusqu’au moment de passer la main à mes petits-enfants. Voilà mon plan ! Je vais donc te marier…

— Peut-on savoir avec qui ?

— Ça ne te regarde pas. Je ne sais pas encore moi-même. Il me faut une vraie cervelle scientifique, assez mûre, autant que possible, pour avoir la tête débarrassée de toute idée futile !… »

Georges se disposait à répondre lorsque se produisit la première secousse électrique due à l’accident du réservoir 17. Georges tomba dans son fauteuil et leva vivement les jambes pour éviter le contact du plancher