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Le Vingtième Siècle

L’illustre savant en proie à un accès de délire ;

L’illustre savant commençant à aller un peu mieux ;

L’illustre savant ayant une rechute ;

… Jusqu’au jour où l’on put voir ce martyr de la science debout dans la robe de chambre du convalescent et déjà au travail.

L’homme d’État, le grand orateur et historien des Marettes, fier d’être aussi compté parmi les martyrs de la science, se hâta, aussitôt rétabli, de déposer à la Chambre, en demandant l’urgence, la proposition de loi relative au grand médicament national. Depuis quinze jours on ne parlait que de l’affaire Philox Lorris ; c’était la grande actualité à l’ordre du jour de toutes les conversations, le sujet de toutes les discussions des Académies scientifiques. La proposition des Marettes ne traîna donc pas dans les bureaux ; elle fut examinée par une commission, ses articles furent débattus avec l’illustre savant, discutés d’avance par tous les journaux, et, lorsqu’elle parut devant les Chambres, presque tous les partis s’y rallièrent, opposants et gouvernementaux ; et même, grâce à l’appui de Mme Ponto à la Chambre, de la sénatrice Coupard, de la Sarthe, au Sénat, le parti féminin, et le parti intégral masculin, les adhérents de la Ligue de l’émancipation de l’homme, dirigés par M.  des Marettes, se trouvèrent d’accord et votèrent du même côté pour la première fois.

La loi passa à une énorme majorité.

Il résultait ceci de ses nombreux articles :

1o L’inoculation du grand médicament devenait obligatoire une fois par mois pour tous les Français à partir de l’âge de trois ans ;

2o Le monopole de la fabrication du grand médicament national microbicide et dépuratif, anti-anémique et reconstituant, était assuré pour cinquante ans à la maison Philox Lorris ;

3o Une récompense nationale à l’illustre Philox Lorris était votée à l’unanimité.

Disons tout de suite que celui-ci n’accepta qu’une grande médaille d’or, remarquable objet d’art, qui représentait d’un côté l’illustre savant en Hercule, vainqueur des hydres modernes, avec une inscription commémorative de sa grande découverte sur le revers.

Les questions secondaires, relatives à l’organisation des services, restaient à régler ; mais c’était l’affaire de Philox Lorris, nommé administrateur général, avec pleins pouvoirs. De plus, sur l’avis de Philox Lorris, la création d’un ministère de plus fut décidée ; on l’intitula ministère de la