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Le Vingtième Siècle

dans son cabinet ou au Télé Sulfatin et La Héronnière, pour les mettre au courant de l’affaire.

Nouvelles et délicates négociations.

Par convenance, M. Philox Lorris interrompit la communication avec ces dames, afin que l’on pût discuter tranquillement et sérieusement, sans perdre de temps en formules et en vaines périphrases.

Un quart d’heure d’explications.

Un quart d’heure de réflexions.

Total : encore une demi-heure de perdue ! Mais M.  Philox Lorris eut la joie d’enlever l’adhésion de Sulfatin et de son ex-malade à la combinaison qui arrangeait l’ennuyeux imbroglio et sauvait la maison Philox Lorris d’un scandaleux procès.

Sulfatin et La Héronnière consentaient. Vite ! l’illustre savant, poussant un ouf ! de soulagement, mit le doigt sur le timbre pour rétablir la communication avec ces dames, avec les adversaires !

Trop tôt, hélas ! Aux premiers mots, M.  Philox Lorris vit qu’il était tombé dans une nouvelle distraction. Dans sa hâte d’en finir, il avait négligé de préciser un point assez important : laquelle des deux épousait Sulfatin ? laquelle épousait La Héronnière ? Il leur avait donné le choix à toutes les deux et chacune avait jeté le dévolu sur le même, sur l’illustre ingénieur et docteur Sulfatin, certain du plus magnifique avenir et n’ayant jamais eu besoin d’être remis à neuf.

Ce fut peut-être la partie la plus difficile de ces négociations. Sulfatin, aux premiers mots, eut par bonheur la délicatesse de couper la communication avec Adrien La Héronnière, resté chez lui et en train de s’habiller pour la noce ; l’amour-propre de l’ex-malade n’eut donc pas à souffrir trop cruellement de la discussion.

Une heure encore de négociations !

M.  Philox Lorris rongeait furieusement son frein. Que de temps perdu ! Tout cela par la faute de cet étourneau de Georges, en ce moment bien tranquille et en train de roucouler des fadeurs vieilles comme le monde auprès de sa fiancée, pendant que son père se donnait tant de mal et se fatiguait aussi ridiculement la cervelle à cause de lui !

Enfin, cette fois tout fut conclu et arrangé. Mlle la sénatrice Coupard, de la Sarthe, acceptait la main de l’ingénieur-docteur Sulfatin, moyennant contrat d’association complète de ce dernier à la grande maison Philox Lorris et promesse de cession pour plus tard, — et Mlle la doctoresse Bardoz