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Le Vingtième Siècle

prit naïvement devant Georges une attitude d’élève, ce qui fit bien rire le jeune homme.

« Je suis le fils de l’illustre Philox, comme vous dites, fit-il, mais je ne suis moi-même qu’un bien pauvre disciple ; et, puisque vous voulez bien me faire confidence de vos insuccès, sachez donc, que tout à l’heure, au moment où la tournade éclata, mon père était en train de m’administrer ce qui s’appelle un rebrousse-fil de vraiment premier ordre, c’est-à-dire un joli petit savon, et de me reprocher mon insuffisance scientifique… et c’était mérité, trop mérité, je le reconnais !…

— Oh ! non, non ; ce que le grand Philox Lorris peut traiter de faiblesse scientifique, pour moi c’est encore la force, la force écrasante… Ah ! si je pouvais arriver seulement au premier grade d’ingénieure !

— Vous vous empresseriez de dire : ouf ! et de laisser là vos livres, » dit Georges en riant.

La jeune fille sourit sans répondre et remua machinalement la montagne de cahiers et de livres qui couvrait son bureau.

« Mademoiselle, si cela peut vous servir, je vous enverrai quelques-uns de mes cahiers et les phonogrammes de quelques conférences de mon père aux ingénieurs de son laboratoire…

— Que de remerciements, monsieur !….. J’essayerai de comprendre, je ferai tous mes efforts… »

Brusquement une sonnerie tinta et le Télé s’obscurcit. L’image de la jeune fille disparut. Georges demeura seul dans sa chambre. Au poste central des Télés, les avaries causées par la tournade étant réparées, le jeu normal des appareils reprenait et la communication provisoire cessait partout.

Georges, consultant sa montre, vit que le temps avait coulé vite pendant sa conversation et que l’heure de se rendre au laboratoire était arrivée. Il pressa un bouton, la porte de sa chambre s’ouvrit d’elle-même, un ascenseur parut ; il se jeta dedans et fut transporté en un quart de minute à l’embarcadère supérieur, un très haut belvédère sur le toit, abritant l’entrée principale de la maison.

La loge du concierge, placée maintenant, dans toutes les habitations, en raison de la circulation aérienne, à la porte supérieure, sur la plate-forme embarcadère, était, chez Philox Lorris, remplacée, ainsi que le concierge lui-même, par un poste électrique où tous les services se trouvaient assurés par un système de boutons à presser.