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LE GRAND CONSEIL DE LA COMPAGNIE NOUVELLE D’ALIMENTATION.
LE GRAND CONSEIL DE LA COMPAGNIE NOUVELLE D’ALIMENTATION.


VII


Un dîner dérangé par la malveillance. La grande lutte des compagnies d’alimentation. — Inondation de potage bisque. L’usine culinaire. — Suicide d’un cuisinier. — Les cas de nullité.


Hélène et ses compagnes dînaient ce soir-là chez les Gontran de Saint-Ponto, des cousins de la famille, nouvellement mariés et somptueusement installés dans une des plus jolies maisons du quartier de Saint-Cloud. M. Ponto les accompagnait, ainsi que le vénérable oncle Casse-Noisette. Mme Ponto, entièrement prise par la politique, n’avait pu laisser ce soir-là son Comité central féminin du 33e arrondissement, mais elle avait promis de causer un instant par le téléphonographe avec la petite cousine de Saint-Ponto.

La charmante installation ! Gontran de Saint-Ponto, trente-deuxième d’agent de change, n’avait pas lésiné. Son mignon petit hôtel, bâti avec le produit d’une heureuse opération de bourse, était un véritable bijou de maison électrique, où tous les services étaient combinés de façon à donner vraiment le dernier mot du confortable moderne : ascenseurs électriques, éclairage et chauffage électriques, communications électriques, réservoir électrique dans la cave et serviteurs presque électriques, que l’on ne voyait pour ainsi dire pas, leur service s’exécutant presque complètement par l’électricité.

Le personnel d’une maison aussi bien comprise est très peu important. Il suffit de deux mécaniciens pour les aéronefs, d’un valet de chambre, d’un concierge et d’une femme de chambre ; pas de chef ni de cuisinière ; la nourriture est assurée par un abonnement à la Compagnie nouvelle d’ali-