vous découvert dans ce menu une faute gastronomique assez sérieuse pour constituer une hérésie ?…
— Non, ce n’est pas cela… Je suis, vous le savez, quelque peu connaisseur, et je pourrais facilement, à ce titre, vous signaler des petites erreurs ; mais ce n’est pas ce qui m’a fait faire la grimace que vous avez surprise…
— Qu’est-ce donc ?
— C’est votre compagnie d’alimentation que je n’aime pas…
— Comment, fit Mme Gontran, vous ne nous approuvez pas d’avoir suivi le progrès et de nous être abonnés à…
— Je n’approuve pas votre choix !
— Pourtant la Compagnie nouvelle d’alimentation sert très bien ses abonnés… je n’ai encore eu aucune plainte ou réclamation à formuler…
— Tant pis.
— Ce qu’elle nous sert est excellent !… cuisine moelleuse, fine, délicate et variée…
Tant pis…
— Ses vins sont exquis.
— Tant pis, vous dis-je.
— Comment, tant pis ?
— Mais oui, je déplore cette perfection dans le service, ce moelleux et cette délicatesse des mets, cette exquisité des liquides… Comme convive, je vais tout à l’heure savourer toutes ces qualités, mais comme actionnaire d’une compagnie concurrente, j’en aurai la mort dans l’âme. »
Tous les invités des Saint-Ponto se mirent à rire.
« Comment ! s’écria Gontran de Saint-Ponto, vous, Ponto, banquier plein de flair, vous avez encore des intérêts dans la Grande Compagnie d’alimentation ? Vous m’étonnez, mon cher ! Je ne donne pas quatre ans à