Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/125

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moyen âge, Victor Hugo, le grand poète, avait fixé son image dans un admirable roman. Les ingénieurs l’ont savamment remaniée et modernisée. Des ascenseurs ont remplacé les petits escaliers de cinq cents marches par lesquels on grimpait tortueusement et laborieusement au sommet des tours. Les façades latérales ont été louées aux entreprises d’affichage et d’annonces, enfin les plates-formes de l’édifice ont servi de bases pour l’établissement de la station centrale des aéronefs-onmibus.

À quinze mètres au-dessus de chaque tour, une seconde plate-forme pour les bureaux a été établie sur une solide charpente de fer ; les piliers de fer s’élevant avec hardiesse par-dessus les bureaux, forment une arche immense entre les deux tours et portent à quarante mètres plus haut une troisième terrasse sur laquelle a été établi un café-restaurant de premier ordre. On ne saurait trop louer les ingénieurs pour la majesté de la construction et l’élégance pleine d’audace avec laquelle leur ferronnerie, si légère d’apparence, s’élance dans la nue. Ce couronnement du poème de pierre des architectes du moyen âge fait le plus grand honneur aux artistes modernes qui ont été chargés de le compléter.

La cuisine du restaurant de Notre-Dame est, disent les gourmets, à la hauteur des splendeurs de l’édifice. Et pourtant, comme on oublie facilement les œuvres de l’artiste culinaire qui préside aux cuisines, lorsque l’on jette les yeux par-dessus la balustrade et que l’on se perd dans la contemplation du merveilleux paysage de tours, de viaducs, de phares et de toits qui s’étend à perte de vue, coupé par le grand ruban de la Seine aux deux cent cinquante ponts et animé par un fourmillement d’aérostats de toutes les formes et de toutes les dimensions !

Et quels admirables premiers plans ! les clochetons du musée gothique fondé au pied de Notre-Dame, les arches des tubes du midi s’alignant au-dessus des toits jusqu’au fond de l’horizon, la vieille tour Saint-Jacques transforméee en station d’aérocabs et portant haut dans les airs toute une flottille de véhicules amarrés à sa plate-forme !

Hélène et ses amies avaient aussi consacré de longues heures aux splendeurs des grands bazars de l’industrie moderne. Les grands magasins de nouveautés du Trocadéro, surtout, les avaient émerveillées. Dans ces halles centrales de la coquetterie, dans ces docks de la mode et du bibelot, on trouve tout, depuis les vieilles dentelles de Malines à 12,000 francs le mètre ou les nouvelles à 60 centimes, jusqu’aux boîtes de sardines de Nantes, depuis les pâtés de foie gras, les faux cols, les nids d’hirondelle ou