Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les barriques de vin de Bordeaux, jusqu’aux belles soieries lyonnaises, chinoises ou japonaises.

Huit cents galeries donnant un développement de 28 kilomètres courent sur quinze étages, dont quatre souterrains. Des ascenseurs aérostatiques portent les visiteurs des dernières caves consacrées aux rayons des fromages, salaisons et charbons de terre jusqu’aux galeries supérieures des toiles et cotonnades.

Dortoir des Grands Magasins du Trocadéro.
Dortoir des Grands Magasins du Trocadéro.

Il y a des restaurants avec cuisines de plusieurs nationalités, et les clients qui ne peuvent faire leurs achats en un jour ont le droit de coucher dans les magasins où de somptueux dortoirs ont été aménagés. Les seuls magasins du Trocadéro occupent quinze mille employés ou employées. Les employés masculins sont enrégimentés. Tous les mois, il y a grande revue et manœuvres militaires autour des magasins : spectacle très apprécié des Parisiens et des étrangers.

Par malheur, dans toutes ces promenades, Hélène n’avait pas découvert l’ombre d’une position sociale pour elle. Elle n’avait senti aucune vocation se révéler et elle avait beau se creuser la tête chaque soir, aucune idée ne lui venait, à son grand désespoir..Qu’allait-elle faire ? Qu’allait-elle répondre à son tuteur quand il allait lui demander si elle avait enfin choisi une carrière à embrasser ?

Un événement imprévu lui vint en aide.

M. Ponto était un excellent homme et un bon mari, mais il n’était pas exempt de certaines faiblesses inhérentes à la nature des hommes en général et des gros banquiers en particulier. Il se permettait parfois des excursions en aimable compagnie dans le gracieux pays du Tendre, et Mme Ponto, entièrement prise par les graves préoccupations de la politique, dédaignait d’abaisser sa pensée jusqu’à ces fadaises.

Nous avons dit que M. Ponto avait l’habitude de s’offrir, pour aider à la digestion après dîner, une petite audition téléphonoscopique au cours de laquelle il s’endormait généralement. M. Ponto avait un faible pour les pièces endormantes ; en ce siècle, les pièces endormantes se font de