Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/169

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hors de l’étroit sentier du devoir par des intrigues de salon ou par les beaux yeux d’une grande dame ! Bien dangereux, les salons ! Aussi les comités n’auraient garde d’y laisser leur député papillonner tout seul ; le surveillant délégué ne quitte pas son député d’une semelle et le suit même au bal. Il garde dans la conversation sa rude franchise, le brave surveillant, et au besoin il empêche le député d’énerver son patriotisme dans de fades galanteries !

— Ouf ! fit M. Rouquayrol, reparaissant au même moment, voici enfin un moment de tranquillité.

— Nous causions justement de vous, mon cher Rouquayrol, dit M. Ponto ; comment, vous voilà seul ? »

Hélène, Barbe, M. Ponto et l’ambassadeur de Monaco cherchaient en vain derrière le député son ombre inséparable. — Instinctivement M. Rouquayrol se retourna aussi.

« Vous cherchiez mon surveillant, dit-il, j’en suis débarrassé pour un quart d’heure ; il est allé fumer une petite pipe sur le balcon.

— Voyez-vous, dit l’ambassadeur, les comités ne pensent pas à tout, l’incorruptibilité ne suffit pas, il faut encore que les surveillants ne fument pas ! »

En ce moment les robinets envoyant les premières mesures d’une délicieuse gigue écossaise, les groupes se formèrent pour la danse ; M. Ponto entama très élégamment sa gigue avec l’ambassadrice de Monaco pour partenaire, Mme Ponto sauta en mesure avec l’ambassadeur, et le député Rouquayrol, après un coup d’œil en arrière, pour voir si le citoyen de la plaine Saint-Denis, son surveillant farouche et incorruptible, n’avait pas fini sa pipe, invita Hélène en termes des plus galants.