Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/230

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— À l’ancienneté ! s’écria Hélène.

— Sans doute ! vous ignorez donc cela ? La constitution de l’Académie française subit un remaniement complet en 1925. À l’origine, dans la nuit des temps, lorsque la France comptait à peine quatre-vingts ou cent littérateurs, on s’était contenté de quarante fauteuils ; mais quand le nombre des littérateurs se trouva plus que centuplé, l’Académie devint beaucoup trop étroite. Après bien des tergiversations, après avoir ajouté d’abord quarante tabourets et quelques divans pour académiciennes, on en vint à une mesure depuis longtemps réclamée par la presse. On démolit le palais de l’Institut pour le reconstruire dans des proportions convenables, avec une très vaste salle des séances, des salons particuliers et même quelques boudoirs pour les académiciennes. Puis, un décret du pouvoir exécutif porta le nombre des académiciens à quatre cents et fixa le nouveau mode de recrutement. C’était déjà gentil, mais ce n’était pas assez ; si l’on avait voulu rester dans les proportions du xviie siècle, il aurait fallu quatre mille fauteuils. La presse entreprit une campagne dans ce sens ; mais, vu les difficultés matérielles, on ajouta seulement aux quatre cents fauteuils de la nouvelle Académie deux cents strapontins d’attente.

BUSTES D’ANCIENS ACADÉMICIENS ORNANT LA SALLE DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
BUSTES D’ANCIENS ACADÉMICIENS ORNANT LA SALLE DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.

— Et je dois poser dès maintenant ma candidature ?

— C’est l’usage. Votre candidature posée, l’Académie a les yeux sur vous ; si vous avez des succès, elle vous appellera dans son sein ; si vous n’y arrivez pas au choix, vous y entrerez par l’ancienneté, après trente ou