voyez que vous avez de l’espoir, dans trente ou trente-cinq ans au plus, ce sera votre tour…
— Monsieur, agréez tous mes remerciements…
— Il n’y a pas de quoi… je souhaite vivement, mademoiselle, répondre à votre discours de réception… dans trente-cinq ans ! »
L’aspirante immortelle reprit le tube pour Paris, heureuse d’être inscrite sur les registres de l’illustre Compagnie.
![À la Puerta del Sol.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/af/Robida_vingtieme_siecle_p239_1.jpg/220px-Robida_vingtieme_siecle_p239_1.jpg)
Pour se reposer de son voyage en Espagne, Hélène résolut de ne visiter le lendemain que les académiciens domiciliés à Paris. L’un d’eux, justement, demeurait dans le quartier de M. Ponto, du côté de Bougival. Hélène commença par celui-là ; mais avant de sortir, se souvenant de son embarras de la veille, elle demanda un supplément de renseignements sur l’académicien à son tuteur.
— M. Camille Gildas ? dit M. Ponto, c’est comme reporter qu’il est de l’Académie française, section des journalistes. Vous devez avoir souvent lu ou entendu de sa prose : le quadruple assassinat de la rue *** à *** ou bien, découpé en petites tranches étiquetées : Le théâtre du crime… Le drame… Découverte des cadavres… Nos présomptions… La piste de l’assassin ! ou encore :
« La catastrophe de Tripoli. Six cents cadavres. Parti en toute hâte par train spécial du tube transméditerranéen, nous arrivons à Tripoli une heure et demie seulement après l’explosion ! Le quartier manufacturier est en flammes ; l’horreur du spectacle nous pénètre malgré nous à cette première minute, mais, nous revêtons notre costume incombustible et, la hache à la main, nous nous lançons à travers les flammes en déroulant derrière nous le fil qui vous transmet cette dépêche… »
« Bien, dit Hélène en montant en aérocab, je sais ce que je dirai… »
Son aérocab la porta en trois minutes au débarcadère de la maison de M. Camille Gildas.
« Que désire madame ? demanda le concierge en sortant de son petit belvédère.