Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/239

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— M. Camille Gildas ? demanda Hélène.

— Il est sorti, répondit le concierge.

— Quand rentrera-t-il ?

— Je ne sais pas ; il vient de partir il y a dix minutes pour Buenos-Ayres.

— Quel ennui ! fit Hélène contrariée.

— Attendez, le ballon transatlantique lève l’ancre à onze heures, vous n’avez qu’à vous rendre aux docks aériens d’Asnières, vous pourrez encore voir M. Gildas.

— Aux docks des transatlantiques à Asnières, vite, dit Hélène à son mécanicien. »

En approchant d’Asnières, dix minutes après, Hélène put voir se balancer, à deux cents mètres en l’air, trois grands transatlantiques en partance. Une animation extraordinaire régnait autour de ces ballons monstres, des myriades d’aérocabs amenaient les voyageurs, des gabarres aériennes et des chalands montaient les caisses de marchandises ; des ingénieurs de l’administration, en aéronefs, faisaient une dernière inspection de la coque et de toutes les manœuvres des énormes aérostats. C’était un va-et-vient formidable entre les ballons et la terre. L’aérocab d’Hélène se glissa parmi l’escadre volante.

« Quel est le ballon en partance pour la République argentine ? demanda Hélène en passant devant une gabarre de l’administration.

— Le Tissandier ! » répondit un matelot.

Le Tissandier, un des plus beaux ballons de la Compagnie transatlantique, se balançait au souffle du vent entre le Nadar, en partance pour Melbourne, et la Landelle, chargée de marchandises pour Java, Bornéo et la Nouvelle-Guinée.

Le petit aérocab aborda le Tissandier par les échelles de tribord. Hélène, au milieu de la foule des voyageurs en train de faire leurs adieux à leurs familles, trouva enfin un officier du bord.

« Je voudrais voir un de vos passagers, M. Camille Gildas, de l’Académie ? dit-elle.

— Il est dans sa cabine, en train d’arrimer ses effets, répondit l’officier ; je vais vous y faire conduire. »

Hélène, guidée par un matelot, arriva en escaladant des montagnes de colis, en se faufilant parmi les groupes, jusqu’aux cabines de première classe.