Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/258

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Hélène tira son calepin et se prépara sans enthousiasme à débuter dans le journalisme.

M. Félicien Cadoul continuait l’exposé de ses théories historiques. Il fit part à l’Académie, avec preuves à l’appui, de quelques découvertes aussi intéressantes qu’inattendues, à savoir que Jeanne d’Arc était un jeune homme qui ne fut aucunement brûlé par les Anglais et qui se maria plus tard avec Agnès Sorel. Qu’un descendant des rois mérovingiens, s’intitulant Chilpéric IV, revendiqua le trône de France vers 1875 et fut sur le point d’être élu président de la République, mais qu’il succomba sous une coalition des autres partis et fut réduit par la cruelle fortune à fonder un journal intitulé le Hanneton. — Qu’Henri IV est le monarque le plus vertueux de l’histoire de France… — Que Louise Michel, qui fut dictatrice pendant six semaines en 1889 et rêva de se faire reine de France, fut transportée en Nouvelle-Calédonie par la réaction masculine, séduisit là-bas par ses discours un chef canaque qui l’épousa et fut, peu de temps après, obligé de la manger par suite d’incompatibilité, etc., etc.

Hélène ne suivait plus le discours du grand historien, elle prenait des notes pour son journal. Enfin la séance s’acheva, Félicien Cadoul termina son discours en proposant la nomination d’une commission académique chargée de tirer au clair tous les faits douteux de l’histoire de France et l’Académie, après un vote approbateur, rentra dans ses bureaux pour travailler avec ardeur à la confection du fameux dictionnaire, déjà poussé jusqu’à la lettre C.