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Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/279

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— C’est très ingénieux, dit Hélène.

— Pauvre Valentine ! fit le rédacteur ; mais voici une case vide, mademoiselle, si vous voulez lire votre article, voici bientôt l’heure du journal. »

Hélène entra dans la case indiquée et s’assit devant une petite table sur laquelle elle posa son phonographe. Cela fait, son article de la main gauche, le récepteur du phonographe dans la main droite, elle commença la lecture de sa prose en tâchant de donner à sa voix le plus de charme possible.

Dès qu’elle eut terminé sa tâche, Hélène quitta le journal. Un aérocab de la station la conduisit à l’hôtel Ponto où elle arriva juste pour le dîner.

« Eh bien ! ma chère Hélène, vous voici donc journaliste, dit M. Ponto ; j’en suis charmé ! Mettons-nous à table, nous allons avoir le plaisir de déguster votre article en même temps que le potage. »

M. Ponto était abonné à l’Époque ; le phonographe du journal était sur la table au milieu des plats ; on n’avait qu’à appuyer sur un bouton pour le mettre en train. Il fallut entendre la chronique, les échos, le bulletin politique, la séance de la Chambre, avant d’arriver à l’article intéressant.

M. Ponto laissa reposer sa fourchette pour donner toute son attention au plat de littérature ; à plusieurs reprises il daigna manifester son contentement.

« Très bien ! très bien ! dit-il encore à la fin, c’est très bien pour une débutante ; un peu vif parfois, mais très fin… »

Hélène, cette nuit-là, fit des rêves d’or. Cinquante mille francs d’appointements pour commencer, c’était à peu près de quoi vivre. Et, en somme, on ne lui demandait pas des choses trop difficiles ou trop ennuyeuses. Le journalisme valait mieux que le barreau ou le Conservatoire politique. Une dépêche téléphonique du journal la réveilla le matin.

Hélène reconnut la voix de son rédacteur en chef.

« Mademoiselle, voudriez-vous avoir l’obligeance de venir de bonne heure au journal ; nous avons reçu quelques petites rectifications pour votre article d’hier. »

Hélène s’empressa de déjeuner et avertit Mme Ponto de son départ pour le bureau de l’Époque. En arrivant au journal en aérocab, elle aperçut dans le téléphonographe une vue d’une ambulance de campagne dans les sables du Sahara. Sur un lit de camp, au milieu d’un groupe d’officiers et