Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/294

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Un peu au-dessous, sur une vaste plate-forme, s’agitait le monde légèrement interlope des parieurs et des parieuses, tous se démenant et criant comme des possédés autour des agences de poules : Je prends Aquilon à cinq !… Qui veut du Fantasca ?…

LES CONCURRENTS POUR LE GRAND PRIX DE PARIS.
LES CONCURRENTS POUR LE GRAND PRIX DE PARIS.

En face des tribunes stationnaient les ballons chargés de monde, rangés le mieux possible, échelonnés à perte de vue sur une dizaine de lignes en hauteur et maintenus à grand’peine par les ballonnets de la police. Rien de plus curieux, de plus étrange et de plus varié, comme aspect, que cette colossale flotte aérienne. Il y avait là tous les véhicules possibles, les plus élégants et les plus sordides, depuis le pimpant aérocoupé de la femme de mœurs légères ou le gros et lourd omnibus à cinquante places, jusqu’au vieil aérocab vermoulu, poussiéreux et fatigué des mécaniciens marrons et jusqu’à la petite ballonnière dans laquelle le fruitier du coin va chercher ses légumes aux halles centrales.

De cette foule immense s’échappait un bourdonnement confus et continu formé de mille cris et de cent mille rumeurs, traversé de temps en temps par une rumeur générale ou par des bordées de coups de sifflet. On sifflait le gouvernement, tranquillement installé sur les bons fauteuils de la tribune officielle. Il durait depuis si longtemps déjà, ce gouvernement, que tout le monde demandait à en changer, même les gens des tribunes, les spectateurs des hautes classes, qui sifflotaient comme les autres, jusque sous les nez officiels.