Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/295

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Hélène, naturellement, s’en alla où le devoir l’appelait, aux grandes tribunes bondées de toilettes inédites ; ses notes prises, elle s’assit tout en haut pour suivre les courses.

La piste n’avait que seize kilomètres seulement. Les ballons partant de la plate-forme centrale décrivaient un vaste cercle et revenaient au point de départ. Tout le long de la course se balançaient des obstacles à franchir, d’énormes ballons amarrés au sol et disposés deux par deux, à hauteur différente, de cinq cents mètres en cinq cents mètres.

Les membres de l’aéronautic-club, les gros parieurs, les sportmen importants se groupaient devant l’escadron chatoyant des coureurs, des aérocabs peints et décorés de façon à être reconnus de loin, bariolés de la manière la plus fantaisiste, quadrillés, rayés, pointillés, étoiles, zébrés, quelques-uns portant leurs couleurs en damier, — d’autres entièrement rouges, bleus, verts, jaunes, etc., etc.

Ce fut un charmant coup d’œil quand, sur un coup de sifflet électrique, ces ballons vinrent former une ligne multicolore, perpendiculaire à la tribune officielle et que, sur un second coup de sifflet, on les vit soudain bondir en avant et s’envoler légèrement dans l’azur.

Toute la bande franchit le premier obstacle avec ensemble ; mais elle commença ensuite à s’éparpiller et lorsqu’au bout de sept minutes, les aérocabs reparurent du côté opposé, ils formaient une file allongée sur deux kilomètres.

Après quelques petites courses gentilles, mais peu passionnantes, le grand prix fut enfin couru.

Quatorze aérocabs étaient engagés : six français, quatre américains et quatre anglais. Les favoris du public étaient : Aquilon, ballon français, onze fois vainqueur en différentes courses ; Fantasca, américain, vingt-sept fois vainqueur en Amérique et en Europe ; Pierrot, ballon anglais et Troubadour, ballon français.

Après une course merveilleuse et palpitante, ce fut Troubadour qui gagna le grand prix en battant ses adversaires de trois bonnes longueurs ; Catapulte, autre français, arriva second et Fantasca, le favori américain, troisième seulement.

Cette éclatante victoire fut saluée par d’immenses salves d’applaudissements. Un hourra formidable s’éleva, qui fit osciller la masse énorme des ballons. La joie nationale tenait du délire, on oublia de siffler le gouvernement. En un clin d’œil les ballons envahirent la piste, malgré les