Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Me marier ? fit Hélène.

— Oui ? On est venu vous demander en mariage pendant votre absence… un jeune homme charmant, distingué, aimable et en bonne situation… M. Jules Montgiscard et Cie.

— Et compagnie ?

— Oui… maison Montgiscard et Cie, fabrique de papiers agglomérés pour la construction. Bonne maison… Montgiscard et Cie fera un mari parfait, j’en suis sûr… vous pouvez bénir Mme de Saint-Panachard, c’est elle qui fait votre mariage…

— Mon adversaire ?

Théâtre. — La troupe nègre du Théâtre-Français.
Théâtre. — La troupe nègre du Théâtre-Français.

— Oui, Montgiscard vous a vue sur la plate-forme et, aussitôt le combat terminé, il est accouru me demander votre main !… Il a sollicité la permission de commencer sa cour dès aujourd’hui… cela me paraît un homme très brûlant, ce Montgiscard, allez dans votre chambre, j’entends Montgiscard qui s’impatiente…

— Comment, ce monsieur est dans ma chambre ? dit Hélène effarée.

— Mais non, pas lui, le téléphone… Ecoutez la sonnerie !… vous savez bien que dans notre monde l’usage ne permet qu’une cour téléphonique… Pour éviter les effusions trop brûlantes, les pères de famille prudents ne permettent aux jeunes gens de faire leur cour que par téléphone… C’est beau, la science, et c’est moral !… Plus tard, quand les jeunes gens se conviennent et que les fiançailles sont définitives, on laisse le téléphone de côté… allez causer avec Montgiscard et Cie. »

Hélène entra dans sa chambre où la sonnerie continuait et se laissa tomber dans un fauteuil.

« Il s’impatiente, dit-elle ; voyons, écoutons-le. »

Et elle fit sonner le timbre à son tour. La sonnerie s’arrêta.

« Mademoiselle, dit immédiatement le téléphone, monsieur votre