Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/321

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lement du compte rendu des faits militaires, commanda une série d’articles sur Paris révolutionnaire nocturne, une autre série sur les faits aériens de la révolution, un roman intitulé l’Enfant de la barricade, etc., etc.

Hélène se croyait tranquille, plus de premières représentations, de concerts ni de soirées et partant, plus de courrier mondain ; mais Piquefol en avait décidé autrement.

« Vous, mademoiselle, dit-il, tout le côté féminin de la révolution vous appartiendra, vous me ferez les clubs féminins, la Mode révolutionnaire, etc… je vous attache an bataillon des volontaires féminines de Marseille qui débarque le 2 avril au matin, par train spécial du tube méditerranéen.

— Mais…

— Quoi donc, mademoiselle ? vous n’aimez pas à vous battre ? soit, vous regarderez et vous prendrez des notes. Commandez-vous immédiatement un uniforme. »

Hélène rentra chez elle bien contrariée.

Mme Ponto parut à la fois étonnée et scandalisée du peu d’enthousiasme marqué par sa pupille en revenant du journal.

« Vous m’avez habituée à bien des surprises déjà, dit-elle, mais vraiment vous me paraissez bien difficile… comment, vous n’êtes pas contente d’être attachée au bataillon des Marseillaises !… vous allez voir la révolution de tout près, aux meilleures places, vous irez partout et vous passerez partout… Ce sera délicieux ! je vous donnerai une lettre pour la commandante, toutes les officières seront vos amies…

— Je ne tenais pas à voir de si près…

— Nous serons forcées de nous contenter des balcons et des tribunes… Barbe et Barnabette vont envier votre chance… Nous connaîtrons tout à l’heure le programme définitif de la révolution. M. Ponto a donné cinq cent mille francs à la grande souscription organisée pour payer les frais des vacances nationales et le comité central révolutionnaire l’a nommé son trésorier, de sorte qu’il assiste aujourd’hui à la réunion où doivent être définitivement arrêtés l’ordre et la marche des événements et divertissements. »

Hélène poussa un soupir de résignation.

« Je comptais, dit-elle, avoir, comme tous les Français, mes trois mois de vacances.

— Vous ne pouvez pas abandonner votre journal ; pour quelques articles à bâcler, vous serez constamment aux premières loges ! »