Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/340

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nous allons camper au boulevard des Italiens où nous aurons à recevoir à deux heures plusieurs charges de cavalerie… »

Hélène tira son carnet et, tout en marchant, esquissa un commencement d’article.

Le bataillon campa sur le boulevard devant un café à deux étages, ouvert au rez-de-chaussée pour les piétons et au huitième étage pour les promeneurs aériens. Hélène trouva la famille Ponto installée commodément à une fenêtre de l’entresol et déjeunant en attendant les charges de cavalerie.

FORMATION DE SOCIÉTÉS SECRÈTES.
FORMATION DE SOCIÉTÉS SECRÈTES.

La commandante groupa militairement sa troupe et monta voir les Ponto avec Hélène.

« Sabrebleu ! dit la commandante en distribuant des poignées de main dans le café, on se sent vivre aujourd’hui, on respire une atmosphère de liberté qui fait plaisir !

— Encore une étape pour le progrès ! dit Mme Ponto.

— Le parti féminin doit faire ses preuves aujourd’hui, il nous faut au moins six portefeuilles dans le futur ministère…

— Je fais mes réserves, mesdames, dit M. Ponto. J’envisage la révolution d’aujourd’hui avec l’œil désintéressé du penseur et du philosophe, sans chercher quelles seront ses conséquences et quel bénéfice en tirera tel ou tel parti… ce qui me plaît surtout dans nos révolutions décennales, ce sont les distractions honnêtes, les plaisirs purs qu’elles offrent à la jeunesse… Plus de journées perdues dans les tripots, plus de nuits consacrées aux orgies,