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Le Vingtième Siècle.

— J’y suis ! poursuivit M. Ponto, vous vous croyez dispensée du souci de conquérir par vous-même une position sociale, vous vous croyez riche !… Ma pauvre enfant, sachez donc que, vos frais d’éducation payés, il vous reste à peine dix mille francs de rente !

— J’ai des goûts simples, dit Hélène.

M. Ponto éclata de rire.

— Innocente ! s’écria-t-il, vous croyez pouvoir vivre avec cela ? Vous ignorez donc que vos dix mille francs de rente suffiront tout juste à payer le loyer d’un pauvre petit appartement de faubourg…
Arrivée de Mme  Ponto.
— Sans ascenseur ni électricité ! dit le caissier.

— De toute nécessité, il vous faut travailler… L’éducation pratique que je vous ai fait donner vous ouvre une foule de carrières, voulez-vous essayer de la finance ? voulez-vous devenir banquière ? agente de change ? je puis aider à vos débuts en vous trouvant une place chez une agente de change… vous vous initierez là aux grandes questions financières, et avec de l’intelligence, de la volonté, de la persévérance, de l’initiative…

— J’ai l’horreur des chiffres, gémit Hélène.

— Mauvais symptôme !… enfin ! Préférez-vous le barreau ? vous n’avez qu’à continuer vos études de droit… En deux ans, vous pouvez être reçue avocate… Les membres du barreau féminin ont un avenir brillant devant elles, on abandonne de plus en plus les avocats masculins…

— Je vous ai dit que je n’avais jamais pu obtenir qu’un accessit dans mes trois années de droit…