Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/362

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Hélène s’était fourrée sous la banquette, elle entendit les garnisaires expropriés frapper à coups redoublés sur la solide plaque de tôle.

« Pas moyen !… quelle déveine, gémissait le pauvre Barbizot, on va me retirer ma médaille !…

— Vite, en retraite ! » dit un de ses hommes.

Les volontaires de Marseille étaient prisonnières, les troupes approchaient. La boule du citoyen Barbizot ne leur disant rien qui vaille, par prudence, les soldats dirigèrent sur elle un feu violent à distance ; puis voyant que personne ne répondait, quelques hommes s’approchèrent et se mirent en devoir de la rouler vers leurs lignes.

Hélène recommença donc à tourner comme un écureuil en cage.

Une prisonnière.
Une prisonnière.

Cet exercice violent ne cessa que derrière la barricade prise.

« Voilà une prise, mon général, dit une voix, et il doit y avoir quelqu’un dedans.

— Allons, rendez-vous ! » dit le général.

Hélène ne répondit pas.

« Rendez-vous et ouvrez votre boîte, reprit le général, ou j’ouvre moi-même avec de la dynamite !… »

Au mot de dynamite, Hélène se précipita sur les boulons et ouvrit la souricière où elle se trouvait prise.

« Ah ! fit le général, encore une volontaire… qu’on la conduise au quartier général. »

Et la pauvre Hélène dut suivre avec quatre hommes et un caporal les boulevards jusqu’aux Champs-Élysées.

Ce fut la dernière victoire du gouvernement. À partir de ce moment, les troupes cessèrent d’avancer. Le combat s’arrêta au moment du dîner ; le soir il reprit sur les boulevards, magnifiquement éclairés par les lampes électriques et se continua pendant une partie de la nuit dans les petites rues où des colonnes s’étaient aventurées pour tenter des mouvements tournants.

Hélène, prisonnière au palais du gouvernement et, vu sa qualité de journaliste, traitée admirablement par des épouses de ministres qui nourrissaient l’espoir d’être citées dans ses articles, se croyait hors de danger, lorsque, dans le courant de la seconde journée de bataille, elle vit tout à coup